Un analyste libanais fait un topo des tensions irano-américaines remontant à quelques années déjà ; années durant lesquelles l’Iran a eu le temps de mettre au point sa défense en cas d’agression militaire américaine.
Avec sa patience et son intelligence stratégique, Téhéran a pleinement la capacité de contrer toute intervention américaine dans la région du Moyen-Orient, affirme un analyste libanais dans le journal Al-Binaa.
Voici en résumé les propos de cet analyste :
Au cours de ces dernières années, l’Iran a développé les compétences nécessaires en matière de défense pour pouvoir contrer toute menace américaine. Après la défaite d’Israël au Liban en 2006, les États-Unis se sont vus obligés de s’installer au Moyen-Orient, d’une manière ou d’une autre. Le but serait selon l’analyste d’asseoir une hégémonie sur toute l’Asie. Après avoir dominé l’Europe, la République fédérale socialiste de Yougoslavie et l’Union soviétique, les États-Unis ont compris qu’il était dans leur intérêt de renforcer leur présence en Asie.
Dès le départ et au prétexte de se confronter à l’Iran, les États-Unis ont lancé plusieurs guerres dans la région : en Irak, en Afghanistan, au Liban et à Gaza. Les guerres en Syrie et au Yémen sont aussi des exemples de ces guerres par procuration avec Téhéran.
Le retrait de l’accord 5+1 s’inscrit dans la même lignée politique.
Et tout au long de ces années, Téhéran a tout fait pour éviter une guerre avec les États-Unis. Mais l’Iran n’est pas resté les bras croisés ; il a développé durant cette période ses capacités militaires pour se préparer à une éventuelle confrontation avec Washington. On peut même dire que cette politique iranienne a participé à un équilibre des pouvoirs dans la région du Moyen-Orient.
L’influence iranienne dans la région, aux dires de Washington, se limiterait aux groupes de résistance libanais, irakiens, palestiniens et yéménites. Mais en réalité, Téhéran ne cherche qu’à établir un relatif équilibre des pouvoirs entre les plus faibles et les plus forts.
Si l’Iran s’est abstenu de se mêler des interventions et des guerres américaines en Afghanistan et en Irak, il n’en va pas de même pour la Syrie et le Yémen, où les responsables iraniens n’ont pas accepté que le sang des civils innocents soit une fois de plus versé et que des pays voisins de l’Iran se transforment en de nouveaux champs de ruines.
L’Iran, qui avait en plus développé considérablement son arsenal militaire pendant ce laps de temps, a couru au secours de son voisin syrien et yéménite. Il a ainsi utilisé sa carte de la résistance et a surpris les Américains.
Le Moyen-Orient traverse une période de changement. Les États-Unis tentent de détruire le programme nucléaire iranien et l’Iran montre tous les jours qu’il se trouve actuellement au sommet de sa puissance militaire.
Washington a concentré ses troupes dans la région. En face, l’Iran a développé depuis les années 2000 son arsenal de missiles. À tel point que nous pouvons affirmer aujourd’hui que la capacité balistique iranienne est l’une des plus importantes au monde.
En ce moment, les Saoudiens et les Émiratis sont aux prises avec Ansarallah au Yémen, et Israël, de son côté, se débat contre les mouvements de la Résistance palestinienne. Et alors que les États-Unis sont en train de perdre tous leurs leviers de pression dans la région, à savoir Daech et les Kurdes en Syrie ; l’Iran peut compter sur le renforcement de ses alliés et sur la croissance de sa propre influence dans la région du Moyen-Orient.